dimanche 19 janvier 2014

Troublantes cartes de vœux


Cette année, j’ai reçu deux cartes de vœux (年賀状), et non, il ne s’agit pas de mes parents (ces derniers ne sont pas à ce point ponctuels), mais de mon dentiste et d’un magasin où j’ai naguère acheté des oreillers… Oui, c’est la tradition au Japon d’envoyer des cartes de vœux à ses clients ; n’ayant pas de clients, je n’ai de mon côté rien écrit (tient, je commence à comprendre au cours de cette analyse, pourquoi personne ne m’écrit plus lol), mais en revanche je suis client !

 

Et il semblerait que je sois un client important pour ce magasin d’oreillers qui m’écrit dans un style inimitable : « changer d’oreiller change la vie… peut être » Vous remarquerez le changement de taille de police entre « oreiller », mis en valeur et le « peut-être » qui cherche à se faire oublier. Je ne sais pas si ce dernier est écrit pour se prémunir du procès d’un client mécontent qui n’aurait pas vu sa vie évoluer après le renouvellement de sa literie, ou si le rédacteur de ce slogan bien trouvé a trouvé drôle d’ajouter le doute à l’affirmation, mais le résultat n’est en rien décevant : ça en jette ! Et en bas à droite : « nous avons des supers oreillers ».

 

Cette carte postale est à peu près personnalisé. En effet, j’étais venu dans ce magasin initialement pour acheter une couette ; La couette du dit magasin m’avait été chaudement recommandé par un riche collègue dont la femme avait cependant probablement omis de lui parler du budget arbitrairement alloué à cette emplette… Budget composé d’au moins quatre chiffres, en Euros s’il vous plait ! Bref, les couettes d’IKEA correspondait mieux à l’idée que je me faisait du coût d’avoir chaud l’hivers, mais j’étais à cette époque reparti avec des oreillers, et c’est bien ce qu’on a retenu de moi… à l’ancienne adresse de collègue (maintenant devant une friterie à Bruxelles) est sans doute arrivé une carte pour la réclame de couette :)

 

Cette carte postale était à peu près personnalisé. En revanche, mon dentiste a fait beaucoup plus d’effort pour me remercier de ma fidélité (dont, soit dit en passant, je me passerais bien si mon héritage buco dentaire me le permettait). Vous remarquerez en effet sous le cheval (car c’est l’année du cheval : mangeons des lasagnes !) un petit texte rédigé à la main par une personne dont je serais bien en peine de lire la signature(la prononciation des kanji dans les noms, c’est encore un étage supplémentaire dans la tour qui enveloppe la langue Japonaise). Mais sans aucun doute, c’est elle, fidèle au poste lors de chacune de mes visites (environ deux fois tous les trois mois). Elle me dit quelque chose comme : « Je vous remercie de venir vous faire examiner de manière si régulière. Je vous attends pour la prochaine consultation »

 

Morale de l’histoire :

Pour recevoir des cartes postales au Japon, allez chez le dentiste et achetez des oreillers !

年賀状ををもらうために、歯医者に診られること、枕を買うこと。

dimanche 5 février 2012

moins que rien

"moins que rien" c'est la situation des Japonais par rapport au client. Qu'il s'agisse d'un costume sur mesure ou d'un bonbon à 10 centimes, c'est la même : le vendeur se place en moins que rien, confondu en formules de politesse qui remercient, disent pardon et invite à revenir.

Mais même sans parler à un client, il peut arriver qu'on ait à remercier quelqu'un en se plaçant en moins que rien : "je ne sais pas comment vous remercier, vous me sauver la vie, blablabla". le mot 恐縮 (kyoushuku) peut vous y aider.

Il est formé de deux kanji : 恐 qui peut s'utiliser dans l'adjectif 恐い (kowai) pour la peur, ou dans le verbe 恐れる (osoreru, avoir peur, et par extension, respecter au point d'avoir peur : on peut dire 神を恐れる, avoir peur de Dieu). Puis 縮 qui peut s'utiliser dans le verbe 縮む (chidimu, rétrécir, diminuer...)

Voilà, donc en Japonais, on peut se faire tout tout petit tout en plaçant son interlocuteur à la place de Dieu en un petit mot : kyoushuku. ; Incéré dans une phrase, on dira : "Votre gentillesse me rempli d'une humilité respectueuse" de la manière suivante : "ご親切に恐縮しております。" (go shinsetsu ni ryoushuku shite orimasu), ou encore pour lancer un "sumimsen" (excusez-moi) très poli, on pourra dire : "恐縮ですが..." (kyoushuku desu ga).

Seulement, après, j'imagine que votre interlocuteur peut vous prendre pour un représentant de l'espèce rare qui maîtrise sa langue et vous avez effectivement intérêt à la maîtriser pour le comprendre : il va se mettre à être poli en Japonais. Et là, c'est le drame.

lundi 23 janvier 2012

tabako

tabako (煙草 en Japonais, ou タバコ), c'est la cigarette en Japonais ; je n'attends pas et donne le lien :
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12133-17.01.2012-ITEMA_20337813-0.mp3

ça commence à devenir très intéressant à partir de la 5ième minute. En dehors de ça, et bien pour ceux qui ne le savaient pas, il est interdit de fumer dans les rues au Japon sauf dans les "coins fumeurs", qu'on trouve souvent à la sortie des stations de métro.

Par contre, fumer dans les bars, dans certains restaux (les fameux "izakaya"), ça se fait bien :) Je suis pour l'interdiction dans les bars, je trouve plutôt agréable que personne ne fume dans la rue et je pense qu'il ne faudrait pas interdir la cigarette dans les izakaya.

Autrement, comme j'ai de moins en moins de truc à dire sur ce blog, je vais peut être me mettre à l'utiliser pour faire du Japonais, du style, sélectionner la phrase la plus marrante que j'ai apprise dans la journée et en donner une traduction. On va bien voir.

mardi 29 novembre 2011

l'ange et la bête

Mon voisin d'à côté continue de m'importuner de diverses façons qu'il serait trop long de narrer à cette heure avancée de la nuit, et je continue de me défendre de la manière la plus lâche et intelligente qui soit : informer l'agence qui sert d'intermédiaire entre le "gaijin" et la société Japonaise : "tokyo rellocation" payée par l'organe qui loue mes services pour le pécule qui me permet de subvenir à mes besoin vitaux : un toit, du vin, et du travail.

Cela fonctionne assez bien : le dit voisin cesse une à une les actions qui troublent ma vie tranquille et moi, je ne réagis pas, et me réjouirais presque _si ma vie était assez plate pour m'en donner le loisir_ de l'imaginer, rageant, devant l'échec de sa bêtise face à mon urbanité.

De l'autre côté, ma voisine d'en face continue de manifester des marques d'accueil désintéressées, des sourires épanouis, et en réponse à la carte de visite que je lui avais récemment donnée en acceptation à sa proposition d'aller dîner ensemble un soir de semaine, j'ai trouvé ce soir accroché à ma poigné un sac élégant contenant deux "Mille-feuilles Crème Marron" de chez "Foucher Paris" ainsi qu'une gentille carte m'invitant à lui faire savoir mes disponibilités...

Aucune avance ne se cache dans ces propositions, la dame étant mariée avec un petit garçon bien éduqué, si j'en crois les dires d'une tierce personne qui a pu le juger à l'occasion d'une rencontre fortuite en ascenseur : "礼儀正しい子だね" qui veut dire : "voilà un garçon bien poli".

Non, simplement, la mère de famille qui me fait face est un ange, et mon voisin d'à côté, une bête. Ou au mieux, un bêta. Ou peut-être, juste un con. Moi je suis un simple ayant eu la chance de ne pas naître simplet, et ces deux extrêmes qui m'entourent m'apparaissent comme une métaphone amplifiée de l'homme dans ce qu'il a de plus beau et de plus laid.

Si je souhaite devenir meilleur, je ne souhaite pas m'enlaidir : l'idiot qui m'ennuie va partir un jour et viendra un moment où je n'y penserai plus que dans une réminiscence indistincte, peut être au moment ou j'enverrai un mot à la personne qui m'aura fait penser : "il y a des voisines, on dirait des anges".

dimanche 25 septembre 2011

7 bonnes raisons de rester au Japon

C'est vrai, quand on est né quelque part, on a, a priori, pas mal de raisons de rester chez soi. Pas la peine de les énumérer. Quand on habite quelque part, on a aussi pas mal de raisons de partir de chez soi, pour quelque temps, l'envi de voir ailleurs, la curiosité, inutile de continuer à les énumérer

Mais alors, pourquoi rester plus de quelques années dans un pays qui n'est pas le notre ? Pourquoi ai je choisi de renouveller mon visa pour trois ans ? Je me pose la question et je vais répondre en direct, j'ai parié sur 7 raisons. Je ne pense a aucune d'elle à cet instant précis... Je me concentre... J'oriente mon cerveau... Et j'énumère en vrac : 7 bonnes raisons de rester au Japon.

1. Dans ce pays, personne te fait chier, ni dans les transports en commun, ni dans les magasins, ni dans la rue ; on t'agresse pas à part en criant dans des micros pour te dire de souscrire a Softbank ou à la sortie du métro pour te donner des mouchoirs. Tu es en sécurité ici, à tel point que Sarkozy aurait pas récolté un pour cent de voix, s'il avait été un Japonais tenant le discours qu'il nous a tenu, jadis.

2. Cette langue est un édifice formidablement imposant, tellement collosal que se l'approprier est un défi qui me plait ; je monterai l'everest un jour, mais ça me prendra moins de temps et moins d'effort, et ce que je verrai en haut sera moins beau, aussi.

3. La gastronomie, nom d'un chien, je ne passe pas une semaine sans penser au fromage, quand je suis ici, et pas un jour sans penser aux tsukemen, quand je suis là bah ; pas qu'aux tsukemen, mais aussi au tonkatsu, au sushi, au ramen, etc ; j'ai choisi mon camps d'insatisfaction, j'ai tout de même profité de l'autre pendant plus de 20 ans, soyons justes.

4. Mon boulot. Et oui, on peut se construire un cocon n'importe où, mais une fois qu'il est fait, il faut tout de même en profiter un peu. Moi les choses m'intéressent à mesure que j'y passe du temps, je m'active, je perfore, et je mets des points finaux. Et ça recommence sur d'autre choses, mais vouloir virer Sisyphe (シーシュポス en Japonais, shiishuposu) de la vie humaine, c'est confondre l'ange et la bête. 

5. L'aventure. J'ai pas assez de souvenirs particuliers dans la tête, j'ai besoin de voir d'autres pays d'Asie, et d'autres couleurs du Japon, je ne connais même pas Hokaido, je n'ai pas été en Mongolie ni à Séoul, l'Australie ne sera sans doute jamais aussi proche... Alors bien sûr, je manque l'Europe, mais l'Europe vieillit, j'irai visiter quand je serai vieux.

6. Mes potes. Ben en trois ans, je n'ai quand même pas passé ma vie à blogger, updater mon statut facebook ou envoyer des mails ; il y a quelques petits cercles qui se sont fait, je me sens plutôt bien ici. Et puis l'effet du temps couplé à la distance sur les amis, c'est comme une passoire qui retiendrait les meilleurs. Je n'ai jamais eu d'aussi bons amis (habitant en France) avec aussi peu de contact. Vive facebook !

7. Les catastrophes naturelles. Ben oui, les tremblements de terre, ça me stimule. J'attends le big one ; je rentre pas en France avant que Tokyo soit détruite. Il y a deux trois jours, quand le typhon est arrivé sur Tokyo, je suis parti du boulot plus tôt pour l'accueillir, juste quand il arrivait, mon parapluie a tenu 3 minutes, j'ai été mouillé des pieds à la tête en 5 minutes, mais _dommage_ je tenais debout ; j'attendais une petite tornade, c'était un gros mistral. Déception. 

Et il y a d'autres raisons, bien sûr... Quelles sont les votres de vivre où vous vivez ?

dimanche 3 juillet 2011

fucking gaijin go home

 Nous avions décidé de fêter l'anniversaire d'un ami dans mon appartement, ce qui y constituait la deuxième fête depuis mon emménagement en Septembre 2010 je crois. à 1 heure 30 du matin, tout le monde était parti, moi compris, et c'est à ce moment que j'ai eu l'avantage de voir cette affiche pour le moins explicite... Mais jetez un coup d'oeil à la deuxième partie :

Je ne voudrais pas faire penser à qui que ce soit que les Japonais sont des gens racistes, me battant moi même contre ce genre de généralisation stupide colportée par nombre de "gaijin". En revanche, en ce qui concerne mon voisin, il est impossible de douter :) ça ne me fait pas peur une seule seconde, ne serait-ce que par ce que ce type de personne redoute la confrontation, et donc ne la provoquera pas.

Ah, la fête était relativement tranquille. Cette réaction est juste complètement disproportionnée. Je suis pas du genre impulsif, je suis au stade de la réflexion... La bassesse du propose a du mal à me toucher et ce voisin ne me cause pas de souci outre mesure ; j'aurais tendance à ne rien faire. Mais je vais quand même en parler autour de moi ; y'a sûrement une petite loi écrite quelque part qui condamne ce genre de comportement.

Allez, j'ai tout de même d'autres chats à fouetter.

mercredi 8 juin 2011

le Japonais

Apprendre cette langue est probablement le défi le plus difficile que je me sois lancé jusqu'à maintenant, je n'en vois pas le bout. Un chacun perd la tête et met le blâme en moi, mais je sais rester calme, je ne faiblirai pas. Et je garde confiance quand tout me porte au doute ; saurai-je un jour parler la langue de... De qui ? Je ne connais même pas les grands personnages historiques Japonais, il faudrait d'abord pouvoir s'exprimer correctement.

Mais cette première étape est loin d'être franchie... Encore combien de centaines d'heures d'étude ? Je suis définitivement entré dans une phase logarithmique depuis un certain temps. Ca me rappelle la fois où on traversait un champ de boue dans la nuit et qu'à chaque pas, les chaussures étaient un peu plus lourdes et la fatigue, un peu plus intense...

La progression (ressentie) suis une courbe logarithmique à palliers. Je n'ai pas vu de pallier depuis longtemps... Je me réveillerai peut être un jour avec la sensation d'être bilingue, et alors pour parfaire l'étude, il faudra juste acquérir un peu de culture, histoire de pouvoir l'étaler, avant de la garder à la cave (chercher la métaphore), mais d'abord...

Qu'importe, je n'ai jamais eu de détermination aussi forte avant celle de venir au Japon. Et j'y suis. Mais j'ai la vague impression qu'une immatérialité me nargue... Rira bien qui rira le dernier, ce fantôme va bientôt chercher un autre esclave à observer.

Si tu es cette esclave, tu passeras par les chemins où je suis passé et aura tout mon respect pour cela. Mais prépare toi à une aventure longue et tortueuse, tout autant _heureusement_ qu'intéressante. Quant à moi, je pars à Bali samedi pour une pause bien méritée, à mon sens. Et après, on recommencera. Au moins, ce travail de Sisyphe a l'avantage de faire découvrir de nouveaux caps à chaque sommet : il y a la monotonie en moins. 

En gros, apprendre le Japonais, c'est palpitant, mais c'est long, et pas facile et si vous le saviez déjà, restez tout de même connectés, le prochain post parlera de choses que vous ne savez peut être pas encore, ni moi non plus, d'ailleurs.